Mémorial à la 9ème Division Ecossaise et Point-du-Jour Cemetery – Athies

Mémorial à la 9ème Division Ecossaise et Point-du-Jour Cemetery – Athies

9 avril 2020 2 Par generations athies
Dimanche 9 avril 1922, inauguration du monument à la IXe division écossaise
(Sources : Le Beffroi d’Arras, 20 avril 1922)

Merci à M. Lenglet pour le partage

Le 9 avril 1917, au premier jour de la bataille d’Arras, les soldats de la 9e Division Ecossaise libèrent le village d’Athies. En l’honneur de cette division, au lieu-dit le Point du Jour au bord de la route Arras-Douai, un mémorial en forme de tour a été édifié comme un « cairn » : des pierres, ici des blocs de granit apportés d’Ecosse, amoncelées en mémoire des morts suivant la tradition celtique. Ce cairn porte les noms des batailles auxquelles la Division a participé au cours de la Grande Guerre. Tout autour du monument, 26 pierres rappellent les unités qui la composaient.

Face au monument se trouve le Point-du-Jour Military Cemetery. Ce cimetière est créé lors de la bataille d’Arras pour accueillir les corps de 82 soldats tués lors de l’attaque de la redoute fortifiée allemande du Point du Jour, qui faisait partie, devant Athies, du dispositif de la « Brown Line », la seconde ligne allemande. Parmi eux, des hommes de la South African Brigade (brigade sud-africaine) qui avait valu à la division d’être surnommée la division des « Jocks ans Springboks » (surnoms railleurs des Ecossais et des Sud-Africains). Pour les soldats sud-africains, ce sobriquet se réfère à leur emblème, le springbok, espèce de gazelle réputée pour ses sauts répandue en Afrique méridionale. Après l’Armistice, les Britanniques regrouperont au Point du Jour plus de 650 tombes provenant de cimetières de villages proches.

Au cimetière du Point du Jour, les « potes de Grimsby » ont rejoint leurs camarades écossais et sud-africains.

En 2002, lors des travaux de terrassement de la zone d’activité d’Actiparc située de l’autre côté de la route nationale, le service archéologique de la ville d’Arras a mis à jour une fosse où 20 soldats du 10e bataillon du Lincolshire Regiment, tous originaires de la ville de Grimsby, avaient été enterrés les uns à côtés des autres, bras dessus, bras dessous. 5 de ces « Grimsby Chums », (en français « les potes de Grimsby ») reposent aujourd’hui au cimetière du Point-du-Jour.

[Best_Wordpress_Gallery id= »3″ gal_title= »Mémorial Ecossais »]

Voici comment le journal le Beffroi d’Arras rapporta l’inauguration du monument écossais dans son édition du jeudi 13 avril 1922 :

Dimanche dernier, 9 avril, cinquième anniversaire de l’offensive britannique qui a dégagé Arras, à deux heures et demie, a été inauguré le monument élevé par l’Ecosse au Point-du-Jour, sur le territoire d’Athies, à la mémoire des soldats de la IXe division écossaise tombés au cours de cette offensive libératrice.
(…)
Arras qui a gardé un bon souvenir de ces troupes remarquablement braves, a répondu à l’appel du comité britannique. Plusieurs milliers de personnes, maintenues à bonne distance par la gendarmerie d’Arras, entourent le monument. De très nombreuses délégations de combattants sont là.
Deux cent mètres avant le monument, le pasteur Williamson, chapelain principal des armées, prend la tête du cortège. Son uniforme kaki est recouvert d’une ample robe noire à bordure rouge. Au pied du monument attendent le lieutenant général Sir William Furse qui dirigea l’offensive, accompagné du major Tudor.
Les officiers écossais des 26 régiments ayant composé la division portant des couronnes de palmes et de lierre, se rangent au bord de la route. Derrière eux, une compagnie du 3e génie et une compagnie du 33e de ligne font la haie. Sept bag-pipers, dans leur riche et original costume national jouent de la cornemuse sur le passage des autorités françaises : généraux Huguenot et Giralt, MM. Delatouche, conseiller de préfecture ; Leroy, maire d’Arras ; Doutremépouich, Marc Scailliérez, abbé Foulon, M. le curé de Feuchy, etc.
Le chapelain lit les prières au milieu d’un silence impressionnant, puis le voile, fait de drapeaux écossais, anglais et français, tombe et apparaît l’inscription en anglais : « Souvenir à l’honneur de la IXe division écossaise qui a combattu en France et en Flandre de 1915 à 1918 » .
Sir Furse fait longuement en anglais, pour ses soldats, l’historique de la campagne, puis, se tournant vers les autorités, il remercie en français, dit sa joie particulière de voir si bien représentés ses camarades de l’armée française. « Nous laissons ce monument en des mains qui le soigneront fidèlement et tendrement. Il confirmera les sentiments affectueux qui ont toujours existé entre la France et l’Ecosse. Nous le confions aux habitants d’Arras. »
La musique du 33e joue le God save the king et la Marseillaise.
M. Leroy répond que le sang versé en commun sur les champs de bataille a cimenté indestructiblement la fraternité franco-anglaise ; M. Doutremépuich rappelle que lorsqu’en 1917 Arras entendit les cornemuses, il n’eut qu’un cri : les Ecossais sont là : ils ne passeront pas [les Allemands]. Ils ne sont pas passés. Ne perdons jamais de vue que nous avons à nos côtés un envahisseur qui ne nous laissera en paix que tant que nous serons les plus forts. Que tous ceux qui ont souffert et souffrent encore se rappellent toujours ; que nos jeunes soldats, dignes de leurs aînés, soient toujours prêts à crier : Halte-là, on ne passera pas. Ce monument restera l’impressionnant témoignage de l’alliance qui a sauvé la civilisation et rappellera le devoir d’amitié et le devoir de vigilance aux générations qui viendront ».
Deux par deux, les délégués des 26 régiments apportent leurs couronnes qu’on accroche aux pierres en saillies pendant que les pipers jouent leur mélopée funèbre.